Jérémy et Marion sont deux aventuriers basés au Laos et passionnés de voyage et de moto. Lors d’une précédente interview nous vous avions déjà présenté leur projet de rallier l’Asie à l’Europe au guidon d’un side-car Ural.

Nos deux amoureux de la ride sont partis une dizaine de jour dans le Nord de l’Inde afin de rouler sur le plus haut col du monde. Au guidon de leur Royal Enfield Himalayan, ils ont ainsi traversé la région du Jammu-Cachemire de long en large et sont arrivés à destination après bien des péripéties. Voici leur histoire.

Comment vous est venue l’idée de vous lancer dans ce périple ?

L’idée à la base était d’inclure ce passage dans notre projet de rejoindre l’Europe depuis l’Asie. Au départ, on devait faire Laos-France en passant par l’Inde mais pour des raisons administratives et contraintes budgétaires, on a du changer d’itinéraire. On avait quand même envie de partir au Ladakh et rouler sur le plus haut col du monde était sur notre to-do list. On a finalement eu l’occasion de partir en Inde donc on a pas hésité !

Quel était votre itinéraire lors de ce road-trip ?

On est parti de Srinagar dans le Nord-ouest de l’Inde pour arriver à Manali qui est située dans le Ladakh. Ça nous a pris 10 jours pour relier les deux villes, avec une moyenne de 150 kilomètres par jour. On a dû au final parcourir entre 1200 et 1500 kilomètres.

Le point fort de ce voyage c’était vraiment la diversité des paysages car ils changeaient complètement d’une journée à l’autre ! Un jour on avait l’impression de rouler sur les plaines verdoyantes de l’Irlande, celui d’après on se croyait sur un col dans les Alpes pour au final arriver dans un immense désert ! C’était vraiment une expérience incroyable.

Vous deviez rouler très haut ! L’altitude ne vous a pas dérangé?

Au plus haut du circuit on était à 5400 mètres d’altitude et c’est vrai qu’on en ressent beaucoup les effets et les bécanes aussi ! On était obligé d’utiliser un modèle à carburateur qu’il faut régler de temps en temps sinon impossible d’avancer.

 

Le circuit commençait à une altitude plutôt normale pendant 3, 4 jours et lorsqu’on a commencé à vraiment monter, on a dû prendre une journée en off sans moto pour que nos métabolismes puissent s’adapter. On s’est ensuite engagé dans les cols et même avec une journée d’acclimatation, on sent qu’à 5000 mètres d’altitude il faut faire attention au moindre effort. J’ai eu un peu de nausée et j’étais un peu étourdi mais dès qu’on est redescendu ça allait mieux, c’est surtout en haut qu’on ressent les effets.

Vous avez eu des soucis pendant votre voyage ?

Le premier jour de roulage, il y eu un éboulement sur une piste et un camion était garé dans le virage. Il ne laissait aucun passage possible mis à part un petit mètre du côté du ravin donc on a du passer par là. Il devait y avoir un espace d’environ 90 cm pour faire passer la moto avec d’un côté un poids lourd et de l’autre, le vide !

Au moment de notre road-trip, c’était la fin de la saison des neiges et les glaciers étaient tous en train de fondre. Des torrents traversaient les routes ce qui a causé pas mal d’embouteillages et il n’y avait pas de verglas parce que la neige fondue n’arrêtait pas de couler. Ça peut donner des courants plutôt impressionnants ! Marion a été plusieurs fois obligée de les traverser à pied avec de l’eau à 0° jusqu’aux genoux.

Mon souvenir le plus marquant de ce trip c’est justement quand on a fait l’ascension du plus haut col. Il avait été fermé pendant quatre heures pour cause d’éboulements et on s’est donc retrouvé dans un embouteillage à plus de 5000 mètres d’altitude. À un moment, j’ai essayé de passer à côté d’une voiture dans un passage à gué qui était en fait très profond et je suis tombé dans l’eau. À cette altitude, l’eau est de la neige fondue donc je vous laisse imaginer la température…

Reparlons du circuit, c’était plutôt de la route ou de la piste ?

Un des points forts du circuit était son itinéraire varié, on faisait des demi-journées de roulage sur de belles routes pour après faire quelques heures de pistes, le mix était bien fait. Au final en termes de temps sur la moto, on a dû passer les deux tiers du voyage sur la route et le tiers restant sur les pistes de montagne.

Donc vous faisiez 150 km par jour en roulant majoritairement sur de la route, les passages hors-pistes ne vous ralentissaient pas trop?

Il y avait des passages plus ou moins roulants mais les problèmes étaient surtout liés aux intempéries. C’était des routes de montagnes qui n’étaient absolument pas entretenues donc s’il y avait un éboulement il fallait attendre que les bulldozers dégagent tout, ça nous est arrivé quelques fois. On ne voulait pas non plus aller trop vite, on partait le matin à 8h pour arriver le soir à 17h. Notre plus grosse journée de roulage pendant ce trip devait être de 10 ou 11 heures.

C’était quand même des grosses journées de ride ! Toi qui es un motard expérimenté, tu l’as trouvé dur ce circuit ?

Le premier jour de roulage lorsqu’on est arrivé à la première section off-road, la piste serpentait et elle était très pentue. D’autres motards sont passés avant nous et il y a eu trois quatre chutes car c’était la première section off-road donc personne ne savait trop à quoi s’attendre. J’ai l’habitude de rouler sur des pistes accidentées au Laos donc j’ai pu bien m’en sortir. Le circuit était globalement plutôt roulant et pas piégeux mais on était deux sur la moto donc c’est forcément un peu plus compliqué. C’était en fait un peu technique sur certains passages où il fallait vraiment s’accrocher mais globalement c’était surtout fatiguant de rouler 8 heures par jour à haute altitude. C’est le genre d’aventure qu’on adore !

Vous avez aimé cet article ? Vous aimerez peut être :

Laisser un avis